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Trois jours en foyer, deux jours à l’école… et Uscope entre les deux – le parcours inventé de Sofia

Sofia a 22 ans, elle est en deuxième année de formation pour devenir éducatrice sociale. Elle exerce son activité dans un foyer éducatif accueillant des adolescents en difficulté, situé en périphérie d’une grande ville romande. L’institution accueille des jeunes entre 14 et 18 ans, placés là par décision judiciaire ou parce qu’ils ne peuvent plus vivre dans leur famille.

Dans ce métier, aucun jour ne se ressemble. Il faut de l’écoute, de la patience, du tact — et beaucoup de recul. Le travail d’éducatrice ne se limite pas à « gérer des ados », comme disent certains. Il s’agit d’accompagner des parcours cabossés, de poser des cadres, mais aussi de faire émerger des ressources là où elles sont souvent bien cachées.

Sofia est passionnée. Ce n’est pas un métier qu’on fait par défaut. Ce qui la touche, c’est de voir que de petites choses peuvent faire une grande différence pour un jeune : un cadre stable, une discussion respectueuse, une activité commune. Elle se sent utile. Elle a aussi parfois des doutes — comme tout le monde — et elle a besoin de pouvoir en parler, de mettre en lien théorie et réalité, valeurs et contraintes du terrain.

Organisation de sa semaine :

  • Lundi & mardi : elle est à l’école. On y parle d’éthique, de psychologie de l’adolescence, de cadre légal, de posture professionnelle. C’est intense, mais parfois abstrait.
  • Mercredi à vendredi : retour en foyer. Elle participe aux temps de vie, organise des activités, accompagne les jeunes dans leurs démarches ou leurs conflits. Là, rien n’est théorique. Tout est immédiat.

Entre ces deux mondes, il faut un pont, un espace de réflexion, un fil rouge pour relier les apprentissages, structurer les expériences et valoriser les compétences développées. C’est là qu’intervient Uscope.

Un fil rouge entre théorie et terrain : Uscope

Quand Sofia a commencé sa formation, elle ne savait pas trop à quoi servait ce fameux outil dont tout le monde parlait : Uscope, le portfolio numérique. Un de plus, pensait-elle. Encore une plateforme à remplir.

Mais très vite, elle a compris que ce n’était pas un outil de plus, mais un outil pour relier. Relier ses expériences de terrain à ce qu’elle apprend à l’école. Relier ses compétences en devenir à des situations vécues. Relier son regard à celui de ses deux accompagnants de formation.

Écrire pour comprendre

Chaque semaine, Sofia prend le temps de rédiger dans Uscope une ou deux « fiches d’expérience ». Par exemple :

  • Un conflit entre deux jeunes pendant le repas
  • Une activité qui a bien fonctionné
  • Une discussion difficile avec un résident
  • Une prise de position qu’elle a du mal à assumer

Elle relie ces situations à des compétences précises (écoute active, gestion de conflit, posture éducative, travail en équipe…). Peu à peu, elle comprend que chaque événement, même banal, est une opportunité d’apprentissage.

“Je croyais que c’était juste un outil de suivi. En fait, c’est devenu un miroir. Je relis mes propres textes, je vois mes progrès… ou mes blocages. Et surtout, je ne suis pas seule avec mes questions.”

Deux regards pour un même chemin : la force du suivi croisé

Sofia aurait pu vivre sa formation en deux blocs étanches : d’un côté l’école, de l’autre le terrain. Deux mondes, deux langages, deux rythmes. Elle aurait pu, comme beaucoup, se débrouiller pour faire le lien elle-même — ou ne pas le faire.

Mais avec Uscope, ce lien est intégré dans la démarche. Ses deux référents, celui de l’école et celui de l’institution, lisent les mêmes situations, à travers des lunettes différentes.

L’école éclaire la pratique

Son responsable de formation à l’école relie les récits de Sofia aux cadres théoriques. Il lui fait remarquer qu’une situation renvoie à des notions vues en cours : la théorie de l’attachement, la posture non violente, les limites professionnelles, etc. Il reformule, il met en lien, il donne du sens.

“Dans ton récit, tu poses une limite claire au jeune, mais sans l’humilier. C’est exactement ce qu’on appelle une posture éducative bienveillante. Tu peux relier ça à la compétence ‘établir une relation professionnelle de confiance’.”

Le terrain valide et nuance

Son formateur en institution, lui, voit la dimension opérationnelle. Il sait ce qui s’est vraiment passé, il a parfois été témoin. Il peut valoriser l’attitude de Sofia, ou au contraire l’inviter à revoir certains points de vigilance.

“Tu écris que tu es restée calme, mais j’ai senti que tu étais tendue. C’est normal, mais c’est important d’en prendre conscience. Comment aurais-tu pu te préparer autrement à cette situation ?”

Des regards qui se répondent

Sofia découvre que ses deux formateurs se parlent indirectement à travers leurs commentaires. Parfois, ils se rejoignent. Parfois, ils apportent des nuances. Ce n’est pas une évaluation figée, c’est un accompagnement dynamique. Et pour elle, c’est un trio de formation, pas un face-à-face.

Elle peut ainsi :

  • Croiser les regards pour affiner sa compréhension
  • Gagner en confiance, en voyant que ses efforts sont reconnus par les deux milieux
  • Construire sa posture professionnelle en intégrant à la fois la réalité du terrain et les exigences de sa formation

“C’est comme si j’avais deux coachs qui me guident, chacun avec son style. Et moi, je prends ce qui me parle, ce qui me fait avancer. Je me sens vraiment accompagnée.”

Une expérience parmi d’autres : le conflit du jeudi soir

Fiche d’expérience créée dans Uscope par Sofia, le 7 mars 2025

Titre de l’expérience

“Gérer un conflit entre deux jeunes pendant le repas du soir”

Période concernée

Début : 6 mars 2025 – 17h30
Fin : 6 mars 2025 – 18h00

Description de la situation

Durant le repas, deux jeunes se sont violemment disputés à propos d’un jeu vidéo. Le ton est monté très vite, avec des insultes, des gestes brusques, et une ambiance tendue dans toute la salle. J’étais en service avec un collègue. Nous avons dû intervenir pour désamorcer la situation, séparer les deux jeunes, puis relancer le cadre du repas. J’ai ressenti beaucoup de tension. J’ai aussi réalisé que j’avais tendance à me raidir et à vouloir “gérer” rapidement, sans toujours écouter.

Image ajoutée

Sofia a choisi une photo floue du coin repas vide (prise après coup, avec accord), pour illustrer l’ambiance du lieu sans exposer les personnes. Ce visuel l’aide à se replonger dans la scène, à reprendre du recul.

Analyse personnelle invitée dans Uscope

Après avoir décrit l’événement, la plateforme lui propose une série de champs pour structurer sa réflexion. Sofia prend son temps, souvent le lendemain ou le surlendemain, pour y répondre.

Journal de bord – éléments notés spontanément, depuis son smartphone :

  • J’ai senti que je voulais trop vite “reprendre le contrôle”.
  • Mon collègue a pris plus de temps pour écouter les jeunes, ça m’a inspirée.
  • Je suis restée polie mais sèche. Est-ce que les jeunes l’ont vécu comme un rejet ?

Mobilisations

  • Mes apprentissages en communication non violente (cours de 2e année)
  • L’observation d’une situation similaire la semaine dernière, où j’étais restée en retrait
  • Les discussions avec mon formateur sur l’importance de poser un cadre sans humilier

Acquisitions

  • J’ai mieux compris la mécanique émotionnelle d’un conflit à chaud
  • J’ai vu l’impact de ma posture corporelle dans la gestion du climat
  • J’ai expérimenté la nécessité de revenir après coup sur un événement pour le décortiquer

Améliorations envisagées

  • Me laisser une ou deux secondes avant de parler
  • Penser à m’asseoir pour montrer une posture plus calme
  • Oser proposer une médiation plus formelle après le repas

Médias complémentaires ajoutés

  • Un extrait audio de sa note vocale prise juste après le service
  • Un lien vers un article vu en cours sur les dynamiques de conflit en groupe fermé
  • Une photo de son carnet de schémas de communication verbale/non verbale

Partage des éléments

Sofia décide de partager :

  • Sa description complète et son analyse avec ses deux formateurs
  • Ses notes de journal, en privé
  • Les médias : un article pour tous, l’audio seulement pour le formateur en entreprise

Compétences sélectionnées par Sofia pour cette expérience

Uscope lui propose de relier l’expérience à des compétences extraites de son référentiel. Elle en choisit trois :

  • Gérer les conflits et tensions en milieu éducatif
  • Adopter une posture professionnelle respectueuse du cadre
  • Adapter sa communication aux situations et aux personnes

“C’est quand j’ai fait ça que j’ai compris que le portfolio, ce n’est pas une vitrine, c’est un laboratoire de professionnalisation. Tout est là, et je peux revenir dessus, le partager, ou le garder pour moi. Mais surtout, je m’y vois évoluer.”

Un dialogue de formation autour d’une expérience

Quelques jours après la publication de sa fiche “Gérer un conflit entre deux jeunes pendant le repas du soir”, Sofia reçoit deux commentaires sur Uscope. Chacun reflète un angle complémentaire de lecture.

Commentaire du responsable de formation à l’école (côté théorie) :

“Merci Sofia pour cette description précise. Tu montres ici une capacité à observer non seulement ce qui se passe, mais aussi ce que tu ressens dans la situation. Ce recul est précieux.

Tu parles de ton envie de ‘reprendre le contrôle’. As-tu réfléchi à ce que signifie ce besoin de contrôle dans une posture éducative ? Je t’invite à relire le chapitre sur le ‘cadre souple et structurant’ vu en 2e année. Tu pourrais peut-être relier ton analyse à la compétence ‘instaurer un climat relationnel propice à la co-construction’ ?”

Effet pour Sofia : Elle réalise qu’elle peut revisiter son expérience avec des grilles de lecture plus larges. Cela lui donne envie de recontextualiser cette situation dans d’autres concepts vus en cours.

Commentaire du formateur en institution (côté terrain) :

“Je me souviens très bien de cette situation. Ce que tu ne dis pas (mais que j’ai vu), c’est que ta présence a été stable malgré ta tension. Même si tu as réagi vite, tu n’as pas crié, ni quitté la pièce, ni cherché un appui extérieur.

Je te propose une chose : pourrais-tu refaire la fiche en ajoutant un ‘autre point de vue’, par exemple celui d’un des jeunes ou du collègue présent ? Ça pourrait t’aider à mieux comprendre l’impact de ta posture sur l’ambiance du groupe.”

Effet pour Sofia : Elle se rend compte qu’elle a omis des aspects positifs de son attitude. Et elle découvre un autre outil d’Uscope : la possibilité d’enrichir une fiche existante en y ajoutant une autre voix ou un angle complémentaire.

Croisement des commentaires : un terreau pour progresser

Les deux commentaires sont visibles dans la fiche, côte à côte. Sofia peut y répondre, poser une question, ou simplement en tenir compte pour une autre fiche. Ce n’est pas une évaluation à chaud, c’est un processus d’accompagnement continu, enrichi par deux regards, dans un espace commun mais bienveillant.

“Ce que j’aime, c’est qu’ils ne me jugent pas. Ils m’aident à voir ce que je ne vois pas encore, à valoriser ce que je fais bien, et à corriger sans culpabiliser. En fait, je deviens pro, mais sans perdre le droit d’apprendre.”

Une posture qui s’affirme, une formation qu’elle pilote

À force de documenter ses expériences, d’analyser ses réussites et ses hésitations, puis de recevoir des retours ciblés de ses formateurs, Sofia a vu quelque chose évoluer en elle : sa posture.

Elle n’est plus simplement “en formation” : elle est en développement de compétence. Et ça change tout.

Une prise de conscience progressive

Avec le temps, elle a appris à :

  • Prendre du recul rapidement, presque en temps réel
  • Nommer ce qu’elle vit avec des mots professionnels
  • Identifier les compétences mobilisées dans chaque situation
  • Et surtout, repérer ses zones de confort… et celles à travailler

Son référentiel de compétences devient lisible, vivant

Au début de l’année, le référentiel lui paraissait lourd, complexe, abstrait. Une liste inaccessible.

Aujourd’hui, dans Uscope, elle voit :

  • Les compétences qu’elle a déjà mobilisées plusieurs fois, dans différents contextes
  • Celles qu’elle n’a pas encore beaucoup rencontrées, ou qu’elle évite peut-être inconsciemment
  • Celles où elle a reçu des feedbacks convergents, indiquant un bon niveau
  • Et celles où ses progrès sont visibles dans la durée

Un pilotage actif de sa formation

Grâce à cette visualisation :

  • Elle peut planifier ses prochaines expériences, en ciblant les compétences peu explorées
  • Elle prépare ses entretiens de suivi avec des exemples concrets, déjà validés par ses formateurs
  • Elle anticipe son évaluation finale, non comme une épreuve, mais comme une mise en lumière de son parcours

“Aujourd’hui, je n’ai plus peur qu’on me demande : ‘qu’est-ce que tu as appris cette année ?’ Je peux le montrer. Avec des exemples, des réflexions, des traces. Mon portfolio parle pour moi. Et moi, je peux parler de moi comme éducatrice en devenir.”

En résumé : une formation habitée de l’intérieur

Ce que Sofia a gagné avec Uscope, ce n’est pas seulement un outil. C’est une manière d’habiter sa formation :

  • En liant théorie et terrain
  • En assumant ses fragilités sans honte
  • En s’appropriant un langage professionnel
  • Et en prenant sa place comme actrice de son développement

Article co-rédigé par Patrick Favre et ChatGPT – au service d’une vision partagée : faire du portfolio un outil de transformation pédagogique.